MAGAZINE / FRANCE 

Par © Hervé BONNOT
Photos : © Francis DEMANGE

ZONE 52

Dans les secrets de la science du vin

A Bordeaux, les chercheurs en oenologie de l’Institut des Sciences du vin et de la vigne et de l’Inra mènent une multitude d’expérimentations en labo comme au cœur des vignes.
Parmi celles-ci, la “parcelle 52” bénéficie d’une attention toute particulière. Les scientifiques y évaluent les qualités et la résistance de 52 cépages différents venus du monde entier face aux changements climatiques.

Autre objectif des travaux menés ici, la réduction de l’emploi des sul fites, des pesticides et autres intrants chimiques, associée à la conservation de l’identité d’un produit noble.

Non loin de Bordeaux, à Villenave-d’Ornon, au sein de l’Institut des Sciences de la vigne et du vin, une fourmilière de 250 chercheurs s’active à préparer la viticulture du futur. Pour cela, loin de
travailler sur de nouvelles molécules de synthèse comme on le ferait en agrochimie, ils procèdent à des relevés sur des milliers d’hectares autour de St-Emilion, mesurent l’évolution des températures, analysent le relief, les vents… Ils réalisent aussi leurs propres vendanges et mènent des “nanovinifications” qui permettent d’évaluer différentes méthodes de culture raisonnées. L’objectif : limiter l’emploi de sulfites et autres pesticides, tout en luttant efficacement contre les maladies de la vigne. Les plus connues comme le mildiou, mais aussi les périls que l’avenir nous réserve.

Face aux dé fis du changement climatique, la bien gardée parcelle 52 et ses raisins français, africains, espagnols, italiens, portugais, grecs, bulgares, ou encore géorgiens, est quant à elle passée en production depuis 2012. Les chercheurs en tirent chaque année des microcuvées dont ils évaluent les caractéristiques à l’aide d’une technologie qui a fait ses preuves : leur nez et leur palais. “De même qu’il y a 40 ans on ne dégustait pas du tout les mêmes vins, on ne boira pas le même breuvage dans 40 ans, explique le professeur Philippe Darriet, qui dirige l’Unité d’oenologie de l’ISVV. S’adapter à l’augmentation de la température moyenne, à une modification de l’ensoleillement et des précipitations sont autant de dé fis à relever pour les viticulteurs.” Et si conserver l’identité d’un terroir est essentiel, nul doute que les qualités organoleptiques du vin, sa typicité, ses saveurs, son parfum, seront amenés à évoluer. Pour que cette évolution se fasse sans heurts, les chercheurs élaborent aujourd’hui les pratiques qui seront les plus adaptées à l’environnement viticole de demain.